Pour la première fois depuis l’Holocauste, des centaines de juifs célèbrent le séder de Pâque dans le ghetto de Varsovie

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« Il est très important pour nous de célébrer ensemble cette fête de la Pâque en tant que juifs libres dans un lieu où tant de personnes, y compris notre propre famille, ont péri tragiquement. »

Aujourd’hui, une centaine de familles juives de la diaspora se réuniront à Varsovie pour célébrer le séder de Pâque, 76 ans après le soulèvement des derniers juifs du ghetto. Ce séder, organisé par le rabbin Shalom Ber Stambler, grand rabbin de Chabad-Pologne, rassemblera des familles d’Israël, d’Europe et des États-Unis.

En 1940, 500 000 juifs de Pologne sont regroupés dans un quartier, isolés des autres habitants de Varsovie par des murs et des barbelés. Chaque jour des milliers de juifs sont transférés vers le camp d’extermination de Treblinka. Le 19 avril 1943, alors que 850 soldats allemands entrent dans le ghetto, 3000 juifs de l’Organisation des Combattants Juifs et de l’Union Juive Armée s’opposent à eux. Le général allemande fait venir 2000 hommes et des chars en renfort. 6000 juifs mourront au cours de l’insurrection, 7000 seront fusillés, les autres seront déportés. Quelques-uns s’échapperont par les égoûts. Le ghetto sera immédiatement rasé par les nazis.

Pour l’Histoire, ce jour reste le symbole de la résistance et du renouveau. Aujourd’hui, 76 années plus tard, et pour la première fois depuis cette insurrection, un séder de Pâques sera organisé à l’emplacement-même du ghetto.

Yossi Stambler n’a que 13 ans. Sa famille s’est installée à Varsovie dans les années 90 pour faire vivre la culture juive là où des milliers ont été exterminés pendant la guerre. Il est le fils du grand rabbin de Chabad-Pologne, et c’est lui qui dirigera le séder en hébreu. Son père le dirigera en polonais, des rabbins américains, en anglais.

La tante de Sharon Ben-Shem est morte le jour de l’insurrection dans le ghetto. Sharon raconte :

« L’enfant prodige Josima Feldschuh, la célèbre jeune pianiste du ghetto de Varsovie, était ma tante. Elle a péri le 21 avril 1943, peu avant son quatorzième anniversaire, alors qu’elle se cachait. Son tout dernier repas avait eu lieu la veille au soir, au séder de 1943 ! Cette année, nous rejoindrons le séder en Pologne avec sa famille : son frère (mon père) et sa soeur (ma tante) et moi (sa nièce). Nous serons à Varsovie, dans la nuit du séder, dans sa ville, précisément le jour de son décès. Varsovie accueillait également la famille immédiate et élargie de ma grand-mère. Il est très important pour nous de célébrer ensemble cette fête de la Pâque en tant que juifs libres dans un lieu où tant de personnes, y compris notre propre famille, ont péri tragiquement. »

Pour le rabbin Shalom Stambler, le séder est le « symbole de la liberté juive » et de leur unité « en tant que nation » dans ce lieu où d’autres ont cherché à les « détruire » :

« Il est très important pour nous de célébrer les fêtes juives, et en particulier la nuit du séder, symbole de la liberté juive et du jour où nous nous sommes unis en tant que nation, dans un lieu où, il y a peu, d’autres personnes ont cherché à nous détruire. »

M.C.

Crédit Image : Darek Warczakoski / Shutterstock.com


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